PortraitsANTHONY MICHEL
AB ou OM? Je suis pour les bleus et blancs !
Plutôt que la compétition entre les sportifs, le jeune journaliste Anthony Michel préfère l’ambiance de l’après-match. Il a laissé les calanques de Marseille pour venir travailler à Bayonne. Puis il est tombé amoureux et a appris l’euskara. Maintenant, on peut l’écouter tous les jours en euskara sur France Bleu.
4 Mars 2022 | ± 09min 45s
De Marseille à Bayonne, raconte-nous ton parcours.
J’ai grandi à Marseille et à 19 ans j’ai bougé pour suivre des études. J’ai fait des études de journalisme à Bordeaux et on m’a proposé de travailler à Bayonne. Je ne connaissais pas du tout le Pays Basque mais après y avoir travaillé pendant deux-trois ans, je m’y plaisais et j’ai décidé de rester. A ce moment-là, j’ai pensé qu’il serait utile d’apprendre l’euskara pour mon travail ou pour discuter avec les gens alors j’ai commencé à prendre des cours à AEK. Aujourd’hui je me sens bien ici et j’ai l’occasion de travailler en basque et en français à la radio France Bleu Pays Basque.
Et comment s’est passé ce voyage, du français au basque?
Au début, je suis tombé amoureux d’une personne euskaldun et j’ai pensé qu’il serait intéressant de pouvoir échanger en euskara, alors j’ai téléchargé un lexique sur Internet pour apprendre Egun on ou milesker. Après, on s’est séparés, mais l’envie d’apprendre l’euskara est restée et à la fin de mon contrat de travail, j’ai commencé les cours à la Gau eskola de Bayonne. J’ai entendu parler de l’internat de Forua et donc je me suis mis à fond dans le processus d’apprentissage. Au lieu de rester trois mois à l’internat, j’y ai passé neuf mois et je suis rentré avec un niveau B2. Par la suite, j’ai continué à aller à la Gau eskola. Aujourd’hui, je continue à améliorer mon niveau, grâce à mon travail, en interviewant des gens, en échangeant avec mes collègues qui me corrigent parfois… Tout ça m’aide à m’améliorer.
As-tu un conseil pour ceux qui souhaiteraient apprendre l’euskara?
Je dirais qu’il faut vraiment en avoir envie, il faut une grande volonté, sinon c’est difficile car les structures sont très différentes si l’on compare au français ou aux autres langues que l’on connaît. Dans mon cas, l’internat m’a vraiment beaucoup aidé parce que quand on parle en basque tous les jours, on voit viteles progrès et ça aide à rester motivé. Aux cours du soir, le processus est plus long et il faut plus de temps pour voir les progrès. Alors je dirais que le plus important dans mon parcours, ce sont la volonté et l’internat.
Quelle a été la réaction de tes proches en t’entendant parler en basque?
Ça a été assez amusant pour ma famille et mes amis de Marseille. Il faut dire que je n’ai aucun lien avec le Pays Basque donc ils ont été surpris. Mes amis me demandais si les gens parlaient en euskara ici, parce qu’à Marseille, il y la langue provençale mais elle n’est presque pas parlée, à l’exception de personnes âgées. Je leur ai expliqué la situation du Pays Basque, que l’euskara est présent également à la radio et dans la rue. Pour eux c’était difficile de le croire.
A la radio, mes collègues ont particulièrement apprécié qu’il y ait un autre bascophone. Puis en voyant que je viens de Marseille et que j’ai assez vite appris la langue, ils m’ont dit que d’autres collègues disent depuis longtemps qu’ils veulent apprendre le basque, mais ils n’ont pas encore fait le pas.
Penses-tu que l’euskara est assez présent dans les médias?
Je vois qu’il y a eu une évolution. En tout cas, depuis que j’y travaille. Mais je ne suis pas ici depuis assez longtemps pour pouvoir analyser. J’écoute Euskal Irratiak ou Euskadi Irratia en basque et sur France Bleu Pays Basque, il y a des actualités en bilingue. Tous les midis, Xexili Foix propose une heure d’émission en basque. Alors c’est vrai qu’on peut en faire plus, mais je crois qu’il y a une volonté de proposer une plus grande présence à l’euskara.
Quel est ton endroit préféré pour parler en euskara?
Je vis au Petit Bayonne et j’ai l’occasion de parler en euskara tous les jours: à la boulangerie ou dans les petits commerces de mon quartier.
Sinon, il y a le bar Kalostrape dont j’aime beaucoup l’ambiance et en plus, il est à côté de chez moi, donc c’est pratique.
Que trouve-t-on à Bayonne et pas à Marseille? Et vice-versa?
J’aime beaucoup vivre à Bayonne, je trouve que la ville a beaucoup d’avantages. On peut voire un verre, aller au cinéma, l’offre culturelle est riche, on a la montagne et la mer pas loin, et on a la possibilité d’aller au Pays Basque sud. En plus, c’est une belle ville, pas trop grande. J’aime bien cette taille moyenne.
En revanche, Marseille est une belle ville mais un peu trop grande à mon goût, il est plus difficile de créer des liens avec les gens.
Après, les calanques sont vraiment magnifiques et j’aime la capacité d’adaptation des marseillais. Ils ont toujours un plan B.
Que fais-tu quand tu n’es pas derrière le micro?
En dehors du travail, j’aime faire du vélo, sortir boire un verre avec mes amis, aller au cinéma et je vais beaucoup au Pays Basque sud aussi, à Donostia ou à Bilbo. Après, je suis membre de l’association des journalistes LGBT. Le but de l'association est de fournir des informations pour traiter correctement les questions LGBT, pour utiliser un vocabulaire correct et de répondre à toutes les questions liées à ce sujet. Je ne m’ennuie pas à vrai dire.
Supporter de l’OM ou de l’AB?
J’espère que mon père ne lira pas la réponse car il a toujours soutenu l’OM. Et moi je dirais que je soutiens les bleus et blancs, ça te va? Blagues à part, je dois avouer que je ne m’intéresse pas vraiment au sport, mais j’aime bien l’ambiance que ça génère, lors des matches ou des après-matches, les conversations entre les supporters, etc.
Pastis ou patxaran?
C’est facile, je n’aime pas le pastis alors je dirais le patxaran.
Quel est l’endroit qu’il faut visiter à Marseille?
Je vous conseillerais d’aller au grand musée MUCEM et de vous promener dans le quartier de la Joliette, le quartier du Panier,le vieux-port et surtout d’aller visiter les calanques.
Un rêve?
Je vais faire une réponse à la "Miss France" mais je dirais vivre dans la paix et dans l’amour…
Pour parler plus sérieusement, il est vrai que les deux dernières années ont été difficiles à cause de la crise sanitaire, donc je voudrais revenir à une vie plus "normale" comme beaucoup de gens je pense.