PortraitsJON LAPLACE
+ d’animations / - d’écrans !
Nous avons rencontré Jon Laplace (Bayonne, 1987) au collège Estitxu Robles de Bayonne, casquette sur la tête, ballon à la main. Il est l’éducateur du collège. Il nous a parlé de l’importance des animations pour créer des liens et pour mieux s’entendre entre adolescents et adultes. Il nous a aussi raconté des moments qu’il vit avec le Baiona FC.
1 Avril 2022 | ± 08min 22s
Educateur au collège… Si tu étais dans un film tu serais Tom Cruise dans Mission Impossible?
Je ne le vois pas du tout de cette manière. Je crois que j’ai beaucoup de chance car j’ai grandi en euskara et même si à l’adolescence je me suis éloigné de ce monde, maintenant je suis très content de pouvoir travailler en euskara et au sein de Seaska.
C’est une grande chance pour moi de pouvoir appliquer ici à Bayonne, avec les jeunes et avec ceux qui ont été mes professeurs, ce que j’ai appris dans le domaine de l’animation.
Et si tu étais dans le monde du sport, tu serais le Didier Deschamps bayonnais?
C’est vrai que dans ma vie j’ai mon travail et j’ai le Baiona FC. Grâce à cette équipe et au groupe Kopzale que nous avons créé, nous ambiançons les quartiers de Bayonne tous les week-ends, avec nos tambours. Nous organisons également un festival, un championnat et nous rentrons en contact avec d’autres groupes. On a même créé un jeu sur Internet et une super ambiance s’est créée autour du sport et de la culture. C’est vraiment une belle expérience car on se rend compte que c’est grâce à des outils comme le sport ou la culture que des liens se créent entre les gens, ils arrivent à se comprendre,j’en suis convaincu. J’aime le foot, parce que comme la musique ou le théâtre, c’est un langage universel et arrive à créer des émotions sans parler. Après, je ne suis pas très bon au foot et je n’aime pas vraiment regarder les matchs à la télé, ça ne m’intéresse pas spécialement de regarder des pantins du capitalisme courir derrière un balon.
Quel est ton parcours par rapport à l’euskara?
J’étais à l’ikastola jusqu’à la fin du collège et après je me suis éloigné de ce monde mais j’ai quand-même gardé l’euskara. Je suis allé faire mes études à Paris et c’est là-bas que j’ai compris de la richesse d’être euskaldun. Puis, je me suis formé dans le domaine de l’animation et je suis rentré au Pays Basque. J’ai travaillé dans différents endroits à Bayonne et quand j’ai eu la possibilité de travailler à Seaska, j’y suis allé. Je suis très content et fier de travailler ici.
Quel est ton travail au collège?
D'une part, je fais du travail administratif: gérer la cantine, faire le suivi des présences/absences, donner des cours de soutien, etc. D’autre part, je propose des animations en direction des élèves et des professeurs. Je trouve que la société est en train de changer très rapidement et que le jeu et l’animation offrent une possible réponse pour s’adapter au public actuel. Grâce aux formations que j’ai suivies, j’ai différents outils qui me servent à communiquer avec les adolescents afin de monter des projets, utiliser une communication positive et des outils comme la culture et le sport. Pour moi, l’animation est vraiment un outil positif et j’ai beaucoup de chance car l’équipe éducative me fait confiance et me permet de mener à bien mes initiatives.
L’objectif du collège est de vivre en euskara, mais j’ajouterais que l’on doit bien vivre notre vie si on veut bien vivre avec la langue. C’est pourquoi je demande aux jeunes ce qu’ils aiment faire et je demande aux adultes ce qu’ils souhaitent transmettre ou travailler. Le but est de créer un lien avec la langue en dehors des cours.
Est-ce que les animations servent à éloigner les jeunes des écrans?
Je crois que l’animation a toujours été un outil pour répondre à une problématique. Par exemple, on organise La semaine sans écran. Et c’est surprenant de voir comment les jeunes participent volontiers aux animations que l’on propose. Les enfants savent naturellement ce qui est bon pour eux, ou pas. Aujourd’hui, il faut trouver des alternatives pour éloigner les jeunes des écrans, de l’influence des images, et les adultes aussi, bien-évidemment.
La crise du Covid a été dure pour tous, mais particulièrement pour les jeunes… Est-ce que tu l’as constaté au travail?
Oui, à vrai dire ça a été très difficile et fatiguant de mettre en place les mesures, les changements, les protocoles, de séparer les groupes, le gel, l’hygiène… Et cette crise a coupé les liens sociaux, nous a interdit de se retrouver, de se toucher, de rire. Donc il faut davantage travailler pour motiver les jeunes lors des animations.
Je sens aussi quelques phobies sociales parmi les jeunes, beaucoup ont du mal à enlever le masque, il y a beaucoup de conséquences et des peurs, on se rend compte que quelque chose a changé; c’est également l’avis des profs. On constate des changements dans les notes et dans le sport. Mais c’est vrai que les enfants sont des perles et qu’ils ont énormément de force pour affronter les moments plus difficiles, restons positifs!
Que peut-on faire pour que les jeunes surmontent ces difficultés?
Ce dont ils ont le plus besoin, c'est d’une image positive de l'avenir, il faut leur donner envie de s'impliquer dans les associations ou les projets sportifs, de quartier. Il faut aussi les laisser tranquilles, pour qu’ils puissent vivre tranquillement et se libérer du sentiment de culpabilité.
Quel est ton endroit préféré pour passer un bon moment en euskara?
Quand je suis avec ma famille paternelle et dans les bars de Baiona.
Quelque chose que tu détestes?
Rien de spécial.
Quelque chose que tu aimes?
C’est toujours bien de faire la fête.
Un rêve?
Vivre dans l’égalité.