PortraitsMAIDER LOUESSARD
Maider, l'euskara, ma volonté
La côte angloye, les grandes vagues et les derniers rayons de soleil… L’artisan-éducatrice Maider Louessard a répondu à nos questions avec le sourire aux lèvres.
8 Janvier 2021 | ± 07min 27s
Quand as-tu décidé d’apprendre l’euskara?
L’ikastola d’Angelu avait organisé un cours avec AEK pour les parents il y a deux ans, c’est là que j’ai commencé. Depuis, je n’ai pas arrêté. J’ai passé 5 mois à l’internat de Forua et cette année, je continue les cours à la Gau Eskola (cours du soir) de Baiona.
Au début, je voulais enrichir ma culture, mieux connaitre la deuxième langue de ma fille. Mais après avoir commencé, je me suis rendue compte qu’avec l’euskara, on découvre beaucoup de choses intéressantes et différentes. J’avais compris que l’euskara serait un atout dans ma vie. J’ai eu beaucoup de volonté.
Qu’est ce qui rend l’euskara attrayante?
J’ai vécu dans différents endroits, pour étudier ou pour travailler, et j’ai appris plusieurs langues, je parle six langues. Mais l’euskara m’a permis de renouer avec mes racines, car je venais souvent à Biarritz pour voir ma famille. C’est aussi important pour avoir plus de culture, de nouvelles relations. Quand on habite au Pays Basque, parler euskara est une pièce importante du puzzle.
Qu’est-ce-que t’a apporté l’euskara?
Cette année,j’ai obtenu un travail grâce à l’euskara. A la maison, c’est naturel de parler euskara avec ma fille, c’est doux, c’est comme manger un bonbon. L’euskara m’a donné de la fluidité, du plaisir, des rires, de nouvelles rencontres. Par exemple, je suis devenue irrintzilari, j’ai appris à faire l’irrintzina à Bizkaia, et cette force résume tout.
Utilises-tu beaucoup l’euskara aujourd’hui?
Je dirais que je parle euskara pendant la moitié du temps. En semaine, le 80% du temps, car je l’utilise également au travail. Dans les commerces, je dis toujours les premiers mots en euskara et je découvre de nouveaux bascophones.
Quelle a été la réaction de ton entourage quand tu as commencé à apprendre l’euskara?
Ils sont très fiers. J’ai 40 ans, et pour la première fois j’ai été très fière de moi quand j’ai pu parler en euskara pendant une heure lors d’un entretien d’embauche. Je me suis rappelée qu’il y a à peine deux ans je ne connaissais aucun mot en euskara, et là je suis capable de parler pendant une heure. Je suis très fière et mon entourage me dit: tu es une machine! J’aime beaucoup de mot.
Est-ce facile d’être euskaldun (bascophone) à Angelu?
Ce n’est pas facile, mais c’est possible. J’aime beaucoup les évènements comme Euskaraldia, car ils permettent de rencontrer des bascophones et de tisser de nouvelles relations en euskara. Il est important de dire les premiers mots en euskara.Il y a pas longtemps je suis allé à un bureau de tabac avec ma fille, on a parlé en euskara et les vendeurs nous ont répondu en euskara.
J’ai un projet pour Angelu et Miarritze, je voudrais organiser des ateliers artistiques en euskara. Je ne sais pas combien de bascophones il y a, en Iparralde nous sommes environ 75000. Alors ce n’est pas facile, mais c’est possible.
Quel est ton endroit préféré pour parler euskara?
J’aime beaucoup me balader au bord de la mer à Biarritz, ici je me sens chez moi.
D’après ton expérience, que faudrait-il faire en faveur de l’euskara?
Je crois que c’est important de faire ce que l’on aime, naturellement, en euskara. L’euskara doit être naturelle dans tous les aspects de la vie.
Que dirais-tu à un proche pour qu’il apprenne le basque?
Je commencerais avec une question: Connais-tu quelques mots en euskara?
Souvent, les gens savent dire quelques mots:"egun on, garagardo bat, musu…". Puis, je dirais à cette personne qu’il suffit de quelques mots pour commencer à parler et je la motiverais pour qu’elle commence, sans honte et ni peur, avec moi par exemple. Je lui dirais que l’euskara lui appartient aussi, voilà ma politique.
Que dirais-tu à un étranger qui ne connait pas l’euskara?
Qu’il s’agit d’une langue et d’une culture très anciennes; je commencerais peut-être par lui raconter mon histoire, à Biarritz, et je lui expliquerais notre culture et notre langue.
L’euskara sert pour draguer?
Sais-tu que Cupidon est bascophone? L’euskara aide beaucoup pour draguer!
Par exemple, je fais des fautes, je dis "maite zaitut" (je t’aime) au lieu de "maite ditut" (je les aime)… et je m’excuse avec un air innocent. C’est une bonne stratégie pour passer des messages.
Et pour se fâcher?
Je ne me fâche pas souvent, mais oui l’euskara sert aussi pour se fâcher.
Pour finir, peux-tu nous raconter une anecdote liée à l’euskara?
J’ai une très belle anecdote avec ma fille. Un jour, nous avons doublé un cycliste qui avait une ikurrina (drapeau basque) sur son maillot, et j’ai dit à ma fille: "regarde, c’est amusant" et elle m’a répondu: "non, ama, ce n’est pas amusant, c’est beau". J’en suis restée bouche bée.