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PortraitsPHILIPPE OYHAMBURU

Philippe, une vie de saltimbasque

Cette fois-ci, Mintzalasai a eu l’occasion de rendre visite à un grand homme, très important pour le Pays Basque. Le biarrot Philippe Oyhamburu (1921.06.26, Argelès-Gazost) nous a accueillis chez lui, près de la Médiathèque, avec le sourire, prêt pour une discussion intéressante. Le portrait de ce grand danseur, chanteur, auteur, conférencier, homme politique… mériterait un plus long entretien, pour écouter tout ce qu’il a à nous dire sur l’euskara, sur le Pays Basque, l’anarchie ou la culture. Néanmoins, voici un petit aperçu de ce qu’a vécu "Poupou" durant un siècle de vie.

Euskaraz irakurri

Philippe Oyhamburu fêtera ses 100 ans le 26 juin 2021. © LaukitikAt
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18 Février 2021 | ± 09min 11s

Parlez-vous euskara depuis petit ou l’avez-vous apprise plus tard?

Mon père était biarrot et se sentait euskaldun (basque) mais parlait très peu l’euskara. En Amérique, il nous avait appris quelques chansons à moi et à ma sœur, "Ai, ai, mutilak" par exemple… Ma mère était béarnaise mais dans sa famille il y avait le pirate Ezkurra, j’étais donc basque des deux côtés, comme le disait Sabino Arana Goiri. A 17 ans, j’ai eu envie d’apprendre le basque alors que j’habitais à Paris. Souvent, les nouveaux abertzale commencent par devenir abertzale, puis dans un second temps, vient l’envie d’apprendre l’euskara. Pour moi, ça a été différent, j’ai d’abord commencé à aimer l’euskara. J’ai pu l’apprendre à l’hôtel de mon oncle, à Hendaye, car j’y passais les saisons d’été. Mon oncle aussi souhaitait l’apprendre donc nous utilisions le livre de l’abbé Eyheramendy. Puis, en 1940 je suis devenu abertzale et mon envie d’apprendre la langue est devenu encore plus forte, mais je me suis rendu compte que ce n’était pas facile. J’ai alors décidé de passer quelques temps dans une ferme: à Larresoro pendant un mois, puis à Ezpeleta et à Aldude; là-bas, tout était en euskara. Mais ces trois mois n’avaient pas été suffisants et j’étais rentré à Biarritz sans être capable de m’exprimer en euskara. A cette époque, j’étais directeur artistique à Oldarra, et il y avait un garçon de Zarautz, Basterretxea, qui ne parlait pas français. Alors, pour l’aider, j’ai commencé à parler en euskara. Il y avait aussi le grand anarchiste Likiniano, Retolaza et je parlais en euskara avec Telesforo Monzon aussi.

Oldarra, Etorki, la chorale Oyhamburu, la chorale Etorburu... Vous avez participé à de nombreux groupes, quelles langues vous y parliez?

Avant Oldarra, il y a eu Olaeta, on parlait en euskara de Bizkaia. A Oldarra, il y avait surtout des biarrots qui ne savaient pas l’euskara, donc on parlait en français. Puis, j’ai créé le groupe Etorki et j’invitais beaucoup de danseurs et de musiciens d’hegoalde (Pays Basque Sud) alors on parlait les trois langues: l’euskara, le français et l’espagnol. Une année, nous avons été invités en Géorgie (qui était en Russie) et ils nous ont très bien reçus: conférence de presse, ministre etc. Je voulais qu’ils entendent l’euskara, car on dit souvent que les géorgiens et les basques avons les mêmes origines… Alors je m’étais exprimé en euskara et un Azkaindar du groupe avait traduit.

La situation de l’euskara a-t-elle évoluéà Biarritz? Au Pays Basque?

Bien-sûr. Beaucoup ne le savent pas, mais à l’époque on parlait également le gascon à Biarritz, un Pasaitar m’avait dit que le gascon était utilisé même à Pasaia… On n’entendait pas du tout l’euskara, donc ça a changé. J’ai deux constats, un positif et un négatif. Le positif, c’est que beaucoup de jeunes apprennent l’euskara aujourd’hui, donc c’est une avancée. Mais le côté négatif, c’est que j’ai beaucoup d’amis à Baxe Nafarroa (Basse Navarre) et Xiberua (Soule) qui me disent que les enfants des petits villages parlent en français. Puis, ils apprennent l’euskara batua (unifié), mais je me souviens des dialectes des habitants de Larresoro, Aldude… C’était un euskara riche, et je pense que cette richesse se perd. Après, je regarde EITB et je vois une grande évolution, j’apprends beaucoup de nouveaux mots. Dans les débats il y a des médecins, des experts et il y a de grandes discussions en euskara. Mais attention, nous ne devons pas oublier que dans nos grandes villes, Iruñea (Pampelune), Bilbo (Bilbao) et Gasteiz (Vitoria), on entend beaucoup d’espagnol. Ce n’est pas comme en Catalogne, à Barcelone les riches, les savants parlent en catalan, mais ici la bourgeoisie ne parle pas euskara. Alors je vois les bons et mauvais côtés.

"La solidarité des basques est incroyable et l’euskara a toujours été très important."

Comment voyez-vous l’avenir de l’euskara?

Je pense que si nous développons, enrichissons et diffusons l’euskara, nous renforcerons l’identité d’Euskadi. Imagine que les 3 millions d’habitants du Pays Basque parlent en euskara… Qui dirait que nous sommes espagnols ou français? Alors l’euskara est très important.

Que faudrait-il faire? Je pense que l’euskara unifié (batua) est nécessaire, sans aucun doute. Mais je crois que nous sommes trop séparés et que nous devrions nous croiser davantage, les xiberutar (souletins) avec les bizkaitar, etc. C’est pourquoi la télévision basque EITB a beaucoup de potentiel, mais les différents euskalki (dialectes) devraient y être présents, et enrichir le batua, partager encore plus d’informations. Il nous faut une meilleure télévision, avec davantage de téléspectateurs et avec davantage de dialectes, non seulement pour entendre la langue, mais pour l’enrichir. Nous sommes éloignés, à cause de nous ou à cause d’eux, mais c’est un problème.

Que diriez-vous à quelqu’un qui souhaite apprendre l’euskara?

Je lui dirais que ce n’est pas facile, que beaucoup commencent à fond mais qu’après ils abandonnent au bout de trois mois. C’est vrai que c’est difficile. Certains apprennent un langage pauvre, et je pense qu’il faut travailler la richesse de la langue.

Un petit conseil, peut-être assez original… Si tu veux apprendre l’euskara correctement, va dans un petit village de Nafarroa (Navarre) en disant que tu ne parles pas espagnol. Tout le monde te parlera en euskara. Et pourquoi au nord de Nafarroa? Parce que leur euskara est comme le nôtre. Alors suis mon conseil, ou pas, mais aitzina (en avant).

Avez-vous une belle anecdote avec l’euskara?

Pendant la guerre, j’étais jeune, je parlais très peu euskara et nous avions faim… J’étais avec un ami à Donibane-Garazi (Saint-Jean-Pied-de-Port) et nous voulions pique-niquer, alors nous sommes allés acheter du pain dans une boulangerie. Après avoir demandé du pain en français, le boulanger nous a demandé si nous avions des tickets de rationnement. Et non, nous n’avions pas de tickets, mais en demandant s’il avait du pain pour deux euskaldun (basques), il nous avait donné deux baguettes. La solidarité des basques est incroyable et l’euskara a toujours été très important.


Vivre en basque à Biarritz, ce n'est pas un rêve, c’est un objectif

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C’est une casquette assortie au bleu de ses yeux sur la tête que nous avons fait connaissance de Ortzi Hegoas Maroteaux (1988, Bayonne). Bien sûr, nous avons parlé musique avec le batteur du groupe Xutik, mais nous avons aussi évoqué les différentes activités qui remplissent son agenda. Parler en basque au quotidien n’est pas un rêve pour le jeune Biarrot, mais plutôt un objectif.

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Les parents de Nahia Corrihons (1999, Donostia-Saint-Sébastien) n'avaient pas imaginé les conséquences que l’inscription de leur fille de six ans au centre de vacances pourraient avoir un jour... La jeune femme, qui travaille aujourd’hui au centre de loisirs Uda Leku de Biarritz, partage son sourire contagieux avec les enfants qu’elle y croise mais elle distribue aussi son énergie dans les places des villages où elle fait danser le public, accompagnée de son père à la guitare.

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Le baccalauréat en poche, Ortzi Jauregi (2004, Bayonne) a quitté le lycée Etxepare de Bayonne pour intégrer l'école d'ingénieurs ISA BTP d'Anglet. Il nous a raconté les difficultés en tant que jeune étudiant bascophone, mais aussi et surtout la fierté que le basque lui procure!

À Biarritz, les basques ne sont pas des extraterrestres !

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C'est dans son bureau du service euskara de la mairie de Biarritz que Viviane Ithursarry (1976, Bayonne) nous a donné rendez-vous. Le bilan du festival Mintzalasai encore sur son bureau, nous avons parlé de son parcours en faveur de la langue basque mais aussi du quotidien des bascophones de la Côte aujourd'hui.

Le basque est la boussole sur mon parcours

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De Pampelune à Biarritz, de Beriain au lac Marion, Enrike Lopez (1964, Pau) a d'abord appris la langue basque entouré de ses amis. Ce n'est qu'à son arrivée sur la côte labourdine qu'il décide de se former afin de pouvoir enseigner l'euskara au sein d'AEK. Depuis, à Biarritz, la liste des élèves qui découvrent notre langue mais aussi l'identité de ce pays grâce à Enrike ne fait que s'allonger.

Je crois au travail collectif

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Les habitués des fêtes pour la langue basque connaissent bien le visage de Terexa Michelena (Biarritz, 1944). Elle met dès qu'elle peut ses compétences de trésorière au service d'associations, de collectifs ou d’éventements en iparralde. Nous l'avons rencontré sous le chapiteau du Festival Mintzalasai au bord du Lac Marion.

En basque aussi, tout est possible !

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Des projets, des rencontres, des bons moments, des rêves... Kepa Mouesca (Bayonne, décembre 1987) a vécu beaucoup de belles choses depuis qu'il a endossé la présidence de Mintzalasai. Mais cette année, le Festival du Lac Marion aura une saveur spéciale car ce sera la dernière édition qu'il va fêter comme Président de l'association. Après onze ans de loyaux services, Le Bayonnais tire sa révérence pour démarrer de nouvelles aventures.