Iban: Ma philosophie : aller de l’avant
Il n’aime pas les étiquettes, ni faire les choses à la va-vite. Pour Iban Regnier, s’il y a de la volonté, tout est possible, et le Pays Basque serait un petit coin dans un monde libre…
21 Mai 2021 | ± 09min 15s
Surfeur, acteur culturel, voyageur, guide conférencier… Qui est le labourdin Iban Regnier?
Je n’aime pas les classifications ou rentrer les choses dans des cases, je pense que ça nous perd et ça perd le monde. Pour me présenter, je dirais que je suis guide conférencier de profession; je fais découvrir le Pays Basque en quatre langues, en traversant toutes les provinces et en racontant notre patrimoine, culture, nature et différents coins. J’organise aussi des randonnées en montagne mais pas pour le côté sportif, c’est dans l’idée de faire une lecture de la montagne en observant les vestiges et les modes de vie de nos ancêtres. Par ailleurs, je propose des ateliers pédagogiques dans les écoles autour du jardinage et avec d’autres bayonnais, nous avons créé un jardin partagé. Au début c’était en mode "pirate", on plantait des légumes dans des espaces verts, et petit à petit, on a obtenu des autorisations. L’objectif de ce projet, c’est de pouvoir planter et partager nos légumes pour être de plus en plus autonomes.
Aussi, avec quelques amis, nous avons créé l’association Bastringue pour organiser des concerts et des événements culturels à Baiona. Là aussi, nous invitons des artistes qui ne rentrent pas dans des cases, par exemple un violoncelliste tchécoslovaque, des musiciens électro de Berlin ou des artistes du Pays Basque ou d’ailleurs qui font de l’improvisation. Nous avons organisé plus de cinquante concerts de manière informelle, sans aucune aide officielle. Les aides pourraient nous être bénéfiques, mais les acteurs institutionnels ou culturels ne sont pas intéressés, alors nous le faisons sans rien demander. Nous choisissons des endroits originaux pour faire écouter les musiciens car nous pensons que les pierres, les bâtiments, les espaces ont quelque chose à nous raconter et quand on les lie à la musique, on crée des moments exceptionnels pour le public. Même pendant la période Covid, l’association Bastringue a continué à proposer des rendez-vous, comme des contrebandiers, dans les maisons, les jardins, les frontons, et tout s’est bien passé.
Tu as souvent les pieds dans l’eau?
Oui je surfe depuis toujours et j’avais créé l’association Surfeurs solidaires il y a une vingtaine d’années. Cette aventure avait commencé au Maroc, car j’avais remarqué que beaucoup de surfeurs d’ici allait surfer en Afrique du Nord, mais que les locaux n’avaient pas de planches ou de matériel pour pouvoir surfer. Donc on avait créé cette association pour distribuer des planches de surf d’occasion dans les pays où il est difficile d’acquérir ce matériel. Pendant vingt ans, nous avons visité le Maroc, la Jamaïque, les Philippines, la Côte d’Ivoire, la Sierra Leone, le Cap-Vert, le Nicaragua, l’Iran… en partenariat avec d’autres associations. Cette année, ce sont nos vingt ans alors nous souhaitons organiser un dernier voyage en Mauritanie. Je voudrais terminer ce parcours de vingt ans de cette manière, alors si quelqu’un veut nous aider dans ce projet, je profite pour lancer l’appel!
Parles-tu l’euskara depuis petit?
J’en ai parlé justement il y a peu avec mon père, je devais être un des premiers élèves de l’Ikastola de Baiona, à Saint Amand en 1973. J’avais continué à l’Ikastola jusqu’au collège et pour que je puisse connaître un système différent, mes parents ont voulu que j’aille dans un collège public; mais je n’ai pas été accepté car à l’époque l’Ikastola était mal vu. Alors je suis allé au collège catholique Largenté. A cette époque, j’étais dans un entourage francophone et j’ai perdu l’euskara… Plus tard, quand j’ai commencé à sortir en hegoalde avec mes amis, j’ai redécouvert l’ambiance bascophone et j’ai pris conscience de mon identité, alors j’ai recommencé à parler en euskara… Au travail aussi, au début je n’acceptais pas les visites en basque parce que je pensais que je n’avais pas le niveau, mais petit à petit, j’ai continué à apprendre et aujourd’hui je peux proposer différentes activités en euskara.
Dans ton quotidien, combien utilises-tu l’euskara et combien le français, en moyenne?
Je dirais que j’utilise l’euskara tous les jours, dans différentes activités et à la maison, mais du fait de mon entourage, j’utilise davantage le français.
Parle-t-on l’euskara sur les vagues de la côte du Labourd?
Très peu. Les surfeurs parlent très peu l’euskara, de temps en temps avec les anciens camarades de l’Ikastola. Sinon on entend très peu l’euskara à Anglet ou aux alentours.
Plus tard, quand j’ai commencé à sortir en hegoalde avec mes amis, j’ai redécouvert l’ambiance bascophone et j’ai pris conscience de mon identité, alors j’ai recommencé à parler en euskara…
Un endroit dans lequel tu aimes bien parler en euskara?
Je dirais le village de ma mère, Lasa. Ils parlent en "xuka" (forme utilisée en Basse Navarre) et à chaque fois que j’entends cette manière de parler, ça me touche. Je me sens bien à Garazi, Ezterenzubi, Lasa et les environs.
Quelque chose que tu détestes?
Je pourrais dire plein de choses… La vitesse par exemple.
Quelque chose que tu aimes?
Être sur les vagues, comme un poisson.
Comment serait le pays de l’euskara de tes rêves?
Déjà, un pays sans frontières qui réunit les sept provinces. Un Pays Basque ouvert, qui accueille les migrants, avec une identité ouverte, ouvert sur le monde, sans frontières. Je rêve d’un monde sans frontières, sans passeports et le Pays Basque serait un petit coin dans ce monde.
Un de tes rêves?
Pour parler d’un rêve d’actualité, je rêve d’un Pays Basque dans lequel les basques puissent vivre. Aujourd’hui, c’est devenu très difficile pour nous et pour les jeunes de se loger ici, en raison des prix des logements. Finalement, comme l’ont fait beaucoup de nos ancêtres, beaucoup de personnes seront obligées de partir, car notre pays est devenu un royaume de l’argent. Alors, mon rêve serait que l’argent disparaisse et que l’on puisse vivre dans un Pays Basque libre.
Je rêve d’un monde sans frontières, sans passeports et le Pays Basque serait un petit coin dans ce monde.