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PortraitsANA IMAZ

Dans l'arc-en-ciel des langues, l’euskara est ma couleur

Ana Imaz (1996, Donibane Lohizune) nous a donné rendez-vous au numéro 6bis de l’avenue Jouandin de Bayonne Nord. Son joli défi, en travaillant dans l’association Libreplume, est de partager l’envie de lire avec les enfants, les jeunes et les familles du quartier.

Euskaraz irakurri

4 Aout 2021 | ± 09min 39s

Les voisins de Bayonne Nord te connaissent comme une souriante lectrice basque… Qui est Ana Imaz?

J’habite à Ascain et je travaille dans l’association Libreplume à la ZUP de Bayonne. C'est une association qui a pour but de promouvoir la littérature jeunesse et je suis la responsable de la section en euskara. Sinon, dans mon temps libre, j’aime dessiner, écrire, chanter et faire du théâtre; bref, la création a une place importante dans ma vie. J’ai du mal à choisir parmi ces passions, mais en ce moment je passe plus de temps à dessiner, à illustrer. Je suis quelqu’un de joyeux.

Pour ce qui est des études, je n’étais pas du tout partie sur ça au début. J’ai passé mon bac avec l’option cinéma, puis j’ai suivi des cours de cinéma pendant un an. Ensuite, j’ai obtenu un DUT animation socio-culturelle à Bordeaux pour devenir médiatrice culturelle. Dans le cadre de ces études, j’ai fait un stage à l’association Libreplume et une fois le diplôme en poche, j’ai commencé à travailler ici.

Quel est l’objectif de l’association Libreplume?

Nous avons pour but de promouvoir les créateurs de littérature jeunesse qu'ils soient écrivains, illustrateurs ou autres. Nous voulons mettre la culture à la disposition de tous les publics et, d'autre part, nous luttons contre l’illettrisme. Nous travaillons avec les tout petits et les parents dans ces centres comme les PMI, nous allons aussi dans les structures d’accueil pour y faire des lectures. En somme, nous nous rapprochons des publics éloignés du monde des livres pour leur apporter la culture écrite. De plus, nous travaillons de plus en plus avec les petits, dans les crèches, dans nos locaux, nous proposons des activités et des formations, pour apprendre à lire selon l’âge etc. Nous organisons des lectures pour enfants et ados.

C'est vrai que vous êtes dans le quartier du Labourd où l'on entend le plus de langues?

Je ne sais pas combien de langues sont parlées ici, mais elles sont très nombreuses.

Les langues que l’on entend le plus, à part l’euskara et le français, sont le marocain, le turc et le portugais. Même s'il y a d’autres langues plus minoritaires, nous avons un vrai arc-en-ciel des langues qui est une grande richesse pour les enfants, pour les parents, pour tous.


Que dirais-tu de la littérature jeunesse en euskara?

Il y a de très belles créations et je dirais qu'elles sont de plus en plus nombreuses, il y a d'excellent.e.s illustrateur.rice.s, d'excellents écrivains en basque. Je trouve qu’il y en a moins pour les 0-3 ans. Mais il est vrai qu'en France par exemple l'offre est très importante depuis longtemps, la littérature jeunesse est très importante. Au Pays Basque, elle a pris place plus tardivement, elle est en train de se développer, c’est pourquoi il y a peu de créations comparées aux traductions. C'est dommage, mais il y a de plus en plus de nouveautés et il faut promouvoir ce secteur pour qu’il se développe.

Est-ce facile pour les enfants et les adolescents d’échanger les portables et les tablettes contre des livres?

Malheureusement, je n'ai pas de solution pour le problème des écrans. C’est vrai que l’on lit très peu en euskara, que l’on soit jeune ou adulte. Dans notre cas, les jeunes viennent pour quelque chose de précis, alors ils rangent leur portable dans la poche pour ce laps de temps, nous ne rencontrons pas ce problème que l’on rencontre à la maison. Je pense qu’il faut transmettre le plaisir de lire aux enfants, puis il faut croiser les doigts pour que ce plaisir continue, mais ce n’est pas toujours facile.

Tu participes dans le festival Mintzalasai.

On participe chaque année avec grand plaisir. Nous allons souvent dans les écoles pour des lectures, des animations, des jeux. Cette année, nous irons dans les Gau Eskola (centres d’apprentissage pour adultes) pour proposer une formation: comment lire en euskara à nos enfants, sans savoir la langue. Nous donnons quelques techniques, conseillons quelques livres pour que parents et enfants puissent lire ensemble en basque.

Parles-tu euskara depuis petite?

Oui, c’est ma langue maternelle. Jusqu’à mes quatre ans, je ne parlais pas bien le français. Tous mes grands-parents étaient bascophones, mes parents aussi, mais la langue ne leur avait pas été bien transmise alors ils sont passés par AEK, pour mieux apprendre. Moi je l’ai apprise à la maison et j’ai continué à l’Ikastola.

C’est comment d’être euskaldun à Bayonne Nord?

Ici la diversité est la norme et l’euskara fait partie de toutes ces langues, ce n’est pas vu comme une particularité, tout le monde a l’habitude. L’école du quartier est bilingue alors les gens ont conscience de l’euskara. C’est intéressant car beaucoup d’enfants de familles qui ont des cultures totalement différentes sont en classe bilingue. L’euskara fait partie de cette diversité linguistique, elle n’a pas de place privilégiée par rapport aux autres.

Une anecdote avec l’euskara?

Lors d’une soirée pyjama, j’ai vu le fils aîné d’une famille qui n’avait jamais appris l’euskara m’écouter attentivement lors de la lecture et chanter, comme s’il comprenait tout. A la fin, il est venu me voir pour me demander les paroles de la chanson, parce qu’il avait beaucoup aimé. J’ai trouvé que c’était un beau moment.

Quelque chose que tu détestes?

Le manque d’ouverture d’esprit et les gens qui se croient meilleurs que les autres pour des raisons de genre, d’âge, de couleur, etc.

Quelque chose que tu aimes?

Créer, partager, la fête, bref tout ce qui nous est interdit en ce moment.

Un endroit spécial pour parler en euskara?

Nos fêtes, justement sont les meilleures occasions pour parler en euskara. Par exemple, en début d’été j’étais au festival EHZ et c’est vraiment un endroit merveilleux de l’euskara. Dans la vie de tous les jours, j’aime le village d’Ascain, même si c’est petit, on y entend l’euskara.

Comment serait le pays de l’euskara de tes rêves?

L’euskara serait présent partout, on parlerait en euskara sans se poser de question, notre pays serait ouvert sur le monde et lutterait contre toute forme de discrimination.

Et quel est ton rêve?

J’ai des milliers de rêves mais ce serait de lutter pour ce qui est important pour moi, continuer à créer et être bien entourée durant toute ma vie. Voilà mon grand rêve.


Vivre en basque à Biarritz, ce n'est pas un rêve, c’est un objectif

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Vivre en basque à Biarritz, ce n'est pas un rêve, c’est un objectif

C’est une casquette assortie au bleu de ses yeux sur la tête que nous avons fait connaissance de Ortzi Hegoas Maroteaux (1988, Bayonne). Bien sûr, nous avons parlé musique avec le batteur du groupe Xutik, mais nous avons aussi évoqué les différentes activités qui remplissent son agenda. Parler en basque au quotidien n’est pas un rêve pour le jeune Biarrot, mais plutôt un objectif.

Biarritzeko Uda Leku, notre petit Gaztetxe à nous !

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Biarritzeko Uda Leku, notre petit Gaztetxe à nous !

Les parents de Nahia Corrihons (1999, Donostia-Saint-Sébastien) n'avaient pas imaginé les conséquences que l’inscription de leur fille de six ans au centre de vacances pourraient avoir un jour... La jeune femme, qui travaille aujourd’hui au centre de loisirs Uda Leku de Biarritz, partage son sourire contagieux avec les enfants qu’elle y croise mais elle distribue aussi son énergie dans les places des villages où elle fait danser le public, accompagnée de son père à la guitare.

Sur la côte aussi, jeune et euskaldun!

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Sur la côte aussi, jeune et euskaldun!

Le baccalauréat en poche, Ortzi Jauregi (2004, Bayonne) a quitté le lycée Etxepare de Bayonne pour intégrer l'école d'ingénieurs ISA BTP d'Anglet. Il nous a raconté les difficultés en tant que jeune étudiant bascophone, mais aussi et surtout la fierté que le basque lui procure!

À Biarritz, les basques ne sont pas des extraterrestres !

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À Biarritz, les basques ne sont pas des extraterrestres !

C'est dans son bureau du service euskara de la mairie de Biarritz que Viviane Ithursarry (1976, Bayonne) nous a donné rendez-vous. Le bilan du festival Mintzalasai encore sur son bureau, nous avons parlé de son parcours en faveur de la langue basque mais aussi du quotidien des bascophones de la Côte aujourd'hui.

Le basque est la boussole sur mon parcours

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Le basque est la boussole sur mon parcours

De Pampelune à Biarritz, de Beriain au lac Marion, Enrike Lopez (1964, Pau) a d'abord appris la langue basque entouré de ses amis. Ce n'est qu'à son arrivée sur la côte labourdine qu'il décide de se former afin de pouvoir enseigner l'euskara au sein d'AEK. Depuis, à Biarritz, la liste des élèves qui découvrent notre langue mais aussi l'identité de ce pays grâce à Enrike ne fait que s'allonger.

Je crois au travail collectif

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Je crois au travail collectif

Les habitués des fêtes pour la langue basque connaissent bien le visage de Terexa Michelena (Biarritz, 1944). Elle met dès qu'elle peut ses compétences de trésorière au service d'associations, de collectifs ou d’éventements en iparralde. Nous l'avons rencontré sous le chapiteau du Festival Mintzalasai au bord du Lac Marion.

En basque aussi, tout est possible !

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En basque aussi, tout est possible !

Des projets, des rencontres, des bons moments, des rêves... Kepa Mouesca (Bayonne, décembre 1987) a vécu beaucoup de belles choses depuis qu'il a endossé la présidence de Mintzalasai. Mais cette année, le Festival du Lac Marion aura une saveur spéciale car ce sera la dernière édition qu'il va fêter comme Président de l'association. Après onze ans de loyaux services, Le Bayonnais tire sa révérence pour démarrer de nouvelles aventures.