PortraitsENRIKE LOPEZ
Le basque est la boussole sur mon parcours
De Pampelune à Biarritz, de Beriain au lac Marion, Enrike Lopez (1964, Pau) a d'abord appris la langue basque entouré de ses amis. Ce n'est qu'à son arrivée sur la côte labourdine qu'il décide de se former afin de pouvoir enseigner l'euskara au sein d'AEK. Depuis, à Biarritz, la liste des élèves qui découvrent notre langue mais aussi l'identité de ce pays grâce à Enrike ne fait que s'allonger.
14 Octobre 2022 | ± 06min 23s
Cette année encore, vous êtes venu tôt au Lac Marion pour apporter votre aide.
Oui, cette année c'est ma 11e édition du Festival Mintzalasai et c'est avec plaisir que je participe aux préparatifs dès le matin. Le travail réalisé par l'association Mintzalasai est très important car écouter le basque à Biarritz n'est pas quelque chose qui coule de source aujourd'hui. Certes, il y a des bascophones mais nous vivons un peu comme dans nos ghettos, autour de l'ikastola, de la crèche Ohakoa, d'AEK, etc.... et l'euskara n'a pas beaucoup de visibilité. Comme le dit le slogan de l'associationNous sommes plus que ce que l'on croit, Mintzalasai donne son espace à la langue basque, ici au lac Marion mais aussi lors de nombreux autres rendez-vous tout au long de l'année en collaboration avec les associations.
Vous savez le basque depuis l'enfance?
Je suis né à Pau mais dès mes un an, nous avons déménagé à Pampelune où j'ai grandi. Je ne savais pas le basque petit et j'ai commencé à prendre des cours à 16 ans mais j'ai abandonné après trois ans de cours. Puis j'ai dû quitter la capitale Navarraise mais le basque a été présent tout le long de mon parcours et c'est ainsi que j'ai appris, en parlant. Bien plus tard, j'ai commencé à donner des cours à Biarritz après m'être alphabétisé. Quand j'ai commencé à enseigner, j'avais peur d'entrer en classe, c'était pour moi une grande responsabilité; mais maintenant, je suis très heureux.
La langue est le cœur et définit en grande partie l'identité de ce peuple, c'est certain.
Quel est le profil de vos élèves de Biarritz?
Ce sont des profils différents; d'une part, il y a les gens d'ici qui ont des ancêtres basques et qui, sentant comme une espèce de vide, viennent se réapproprier leur langue, l'euskara. Ensuite, nous avons les parents des enfants bascophones et enfin, il y a ces gens venus de l'extérieur, qui n'ont rien à voir avec la langue ou la culture basque. Ceux-ci sont arrivés en cours par curiosité au début puis grâce à la langue basque, ils découvrent un autre Pays Basque, ils tombent amoureux de ce peuple et leur curiosité est décuplée. Au début, ils ne voyaient que les villages de charme, la mer, la montagne, les vaches, les moutons, et grâce à la langue basque, ils découvrent que derrière tout ça, il y a un pays de caractère. Ils comprennent aussi souvent que certains droits nous sont refusés ici et ils prennent conscience du contexte local en général. La langue permet d'aborder beaucoup de choses différemment. La langue est le cœur et définit en grande partie l'identité de ce peuple, c'est certain.
Pouvez-vous dire que vous vivez en basque?
Je vis en basque parce que je suis un privilégié, je travaille à AEK, je parle en basque avec mes collègues et les élèves, je parle aussi en basque à la maison, mais ce n'est pas facile. Pour beaucoup, c'est un vrai défi et pour d'autres c'est simplement impossible.
Quels sont vos passe-temps favoris?
La montagne et courir. En fait, je ne suis pas trop attiré par la mer, j'aime la plage mais pour y marcher et courir, pas pour m'y baigner. Au delà de la plage, il y a des endroits magnifiques à Biarritz.
Votre spot où vous parlez en euskara?
N'importe quel endroit est idéal pour parler basque. Après, je dois dire que c'est un vrai plaisir de constater l'évolution d'un élève, comment il est arrivé en cours sans savoir un mot et comment deux ou trois ans plus tard on peut discuter avec lui. Il arrive aussi parfois qu'une personne commence comme élève et devienne professeur au bout de quelques années. Parler en basque avec ces nouveaux élèves bascophones me rend très heureux.
Votre lieu de prédilection au Pays Basque?
Je choisirais deux montagnes, le mont Adi dans la région d'Urepel et le mont Beriain en Navarre. Ensuite, la côte de Biscaye est aussi magnifique et ici même, à Biarritz, les lacs Marion et Mouriscot sont mes lieux favoris.
Que détestez-vous?
Tout ce qui ne respecte pas notre langue basque et notre culture.
Qu'aimez-vous?
Le contraire, c'est-à-dire ce qui est respectueux de notre langue et notre pays.
Un rêve?
Je rêve d'un Pays Basque basque où nous serons maîtres de notre destin.